Philippe CAZEAU
Secrétaire général Syndicat Unifié-Unsa
1er mai, fête du Travail ou fête des Travailleurs ?
De manière assez générale, le 1er mai est assimilé comme un jour où on ne travaille pas et qui s’inscrit dans les ponts du mois de mai particulièrement attendus avec l’arrivée des beaux jours. C’est aussi le jour où l’on offre du muguet en guise de porte bonheur, c’est encore la journée traditionnelle où les organisations syndicales appellent la population à manifester dans le but de faire une démonstration de force afin d’infléchir les pouvoirs publics. Voilà un raccourci qui masque une histoire pour le moins étonnante que nous vous proposons de découvrir…
Journée annuelle de grève
Le « Premier mai », ou « journée internationale de lutte pour les droits des travailleuses et travailleurs », est instaurée par la IIe Internationale en 1889, comme journée annuelle de grève pour la réduction du temps de travail à une journée de huit heures !
Rien de plus logique que de voir institutionnalisée cette date par un mouvement ouvrier en développement, au cœur d’une Europe en pleine reconstruction politique, sous l’impulsion des partis socialistes d’une vingtaine de pays réunis à Paris.
Né aux Etats-Unis le 1er mai 1884…
Ce que nous savons moins est que son origine vient… du pays du capitalisme décomplexé et du libéralisme galopant : les Etats unis d’Amérique !
En 1884, les syndicats américains se donnent deux ans pour imposer aux patrons une limitation de la journée de travail à huit heures et choisissent de lancer leur action le 1er mai, date du « moving day ». Pourquoi parle-t-on du « moving day » ? Beaucoup d’entreprises américaines débutaient leur année comptable à cette date qui marquait fréquemment le terme des contrats de travail, situation contraignant les ouvriers à déménager pour retrouver du travail.
…qui le décalent en septembre et instaurent le « Labour Day »
Au fur et à mesure de l’histoire, cette date s’est imposée dans de nombreux pays comme un moment de manifestation et de reconnaissance de la classe ouvrière…sauf pour nos amis américains qui, par souci d’exception culturelle, probablement, ou d’une volonté affirmée de s’éloigner de la connotation politiquement à gauche de ce symbole, font le choix d’instaurer le « Labour day » … en septembre !
Les racines du brin de muguet
Quoi qu’il en soit ce moment sacralisé sera l’occasion pour vous d’arborer, et d’offrir, le fameux brin de muguet…dont l’origine est bien loin de l’idéal socialiste. En France, la tradition du muguet de mai est officialisée en 1561 par Charles IXqui demande que les dames de la cour en reçoivent un brin porte-bonheur chaque 1er mai. La tradition populaire continuera à associer le « Convallaria majalis » au mois de Mai en rapport à sa floraison.
Le muguet remplace l’églantine rouge
Ce n’est qu’au début du XXe siècle qu’il sera associé à la fête du Travail, détrônant définitivement l’églantine rouge chère aux révolutionnaires. Muguet ou églantine ? Reconnaissance du travail ou des travailleurs ? Politique ou syndical ? Peu importe le choix que vous aurez retenu, le symbole de cette date recouvre l’évolution du mouvement ouvrier et porte en lui la commémoration des luttes sociales.
Au-delà du « pont » bien opportun qu’il offre cette année, ce jour férié et chômé, unique dans notre calendrier, est l’occasion de célébrer notre attachement aux valeurs de solidarités professionnelles, intergénérationnelles et sociales ! C’est ce message que porteront les militants du Syndicat Unifié-Unsa dans les cortèges sur l’ensemble du territoire.