Quel choc ! Quel choc pour les représentants du personnel qui ont eu la primeur de l’information ! Quel choc pour les salariés qui apprennent de manière abrupte que 550 emplois vont disparaitre de la Caisse d’épargne Grand Est Europe (CEG2E) d’ici fin 2022 !

Mais où est donc passée cette très belle banque régionale promise à tous les succès par les dirigeants des deux anciennes caisses d’épargne, Alsace et Lorraine Champagne Ardenne ?

Moins de six mois après la fusion juridique, la CEG2E aurait perdu de sa superbe au point d’annoncer, sans la moindre précaution oratoire, que 860 départs sont programmés d’ici 4 ans, versus 310 recrutements !
Il s’agit bien là d’une véritable casse sociale annoncée ! Les chiffres parlent d’eux-mêmes : aux 330 départs en retraite programmés s’ajoutent 530 autres départs dont seulement 310 seront remplacés sur la période. Une saignée de 550 emplois : nul n’aurait imaginé qu’un jour ces chiffres exorbitants pourraient s’appliquer en Caisse d’épargne !


Nul n’ose assumer cette décision

Il s’est forcément passé quelque chose de grave entre hier et aujourd’hui. Si les 154 départs annoncés d’ici 2020 correspondaient à l’absorption des doublons sur les fonctions support, jamais il ne fut question de tailler dans le vif des effectifs du front de vente. Les dirigeants de l’époque, dont plusieurs sont encore au directoire, se seraient-ils fait berner par l’expertise conduite par un cabinet spécialisé en matière de fusions bancaires, Banques populaires et Caisses d’épargne plus spécifiquement ?

Quoi qu’il en soit, la responsabilité de ce Plan Moyen Terme (PMT) incombe pleinement au nouveau directoire, présidé par Bruno Delétré.

Héritage ou ambition, le résultat est violent : la disparition de 18 % des effectifs recensés à la date de la fusion juridique. C’est à coup sûr un record peu glorieux en Caisse d’épargne ! Et tout cela en affichant des perspectives de bénéfices supérieures à 100 millions d’euros chaque année sur la période.


Une offrande au COEX

Dès lors, pourquoi mener cette politique ? Est-ce une nouvelle offrande de nos dirigeants à leur idole Coefficient d’exploitation ?

Quelle entreprise serait moralement et socialement fondée à détruire autant d’emplois en affichant un tel niveau de résultats ? Voilà un bien vilain message lancé à ces jeunes qui abordent le marché de l’emploi ! Quel sombre avenir sommes-nous en train de leur construire ?

Quant aux salariés non concernés par un prochain départ en retraite, ils savent qu’un sur cinq quittera la CEG2E d’ici 2022. Reste à savoir par quels moyens. L’idée que de « bonnes » mesures ou de « bonnes » pratiques seront mises en œuvre pour alimenter un turnover déjà important ne relève pas de la pure imagination.

 

Au moment où la CEG2E s’engage sur une stratégie de destruction massive d’emplois, un de ses principaux concurrents, le Crédit Mutuel, annonce s’engager à maintenir la totalité de ses emplois, affirmant au passage que la plus-value d’une banque de détail historique, face à ses concurrents digitaux, réside justement dans ses salariés. A méditer !

Jean-David Camus